Il semblerait que cette chapelle, malgré sa modestie, ait fixé, bien avant toute pratique chrétienne, la religiosité des habitants par des rites païens qui ont glissé ensuite vers le culte marial.
L’abbé Loisel y voit « le point le plus intéressant du passé de Seugy ». Tout laisse à penser, selon lui, qu’avant d’être une chapelle elle a d’abord été un lieu de culte païen rudimentaire.
D’après l’abbé Loisel, « l’oracle, la tradition vivante du pays, le vieillard dont la foi aux fées était complète, ne se rappelait pas avoir vu l’antique sanctuaire qui avait dû abriter Notre-Dame de Bon secours. Il avait vu une niche seulement, rien de plus » ; il s’agit d’une « cavula », une niche comme celles qui étaient en usage à l’époque gauloise (Maury, Les Forêts de la Gaule, page 35).
Il n’est donc pas surprenant que des habitants aient ensuite perpétué un culte à cet emplacement chargé de sens : près d’un orme consacré ; au carrefour de trois voies regardant le soleil levant ; culte célébré au solstice d’été (et non en mai comme le voudrait la liturgie catholique).
En 1694, pendant une épidémie de peste, il y eut pour cette Vierge un regain de dévotion : « procession magnifique », offrandes, vœux, pèlerinages (de nombreux ex-voto furent retrouvés).
Pendant la Révolution, la Vierge fut renversée avec sa niche et son abri. La population regarda cet attentat comme un sacrilège. On se cachait pour y venir la nuit.
Une croix expiatoire y fut érigée. La vierge qui gisait fut remise sur son socle. Des enfants venaient y porter des gerbes de fleurs.
L’abbé étaye son hypothèse de l’existence d’un lieu sacré très ancien, souvent démoli, mais toujours reconstruit, à cause de l’attachement des habitants à ce sanctuaire, en donnant la référence d’un « document officiel » : procès verbal relatif à la démolition de la chapelle, adjugée en l’an IX (1801) pour 225 livres.
En 1806, la chapelle fut reconstruite, mais la statue antique, descendue de son socle, fut mise dans les fondations et remplacée par un moulage en plâtre.
« Un pèlerinage fort suivi a lieu à la chapelle le 2 juillet », dit l’Abbé Loisel. Ce pèlerinage perdura jusqu’en 1956. De nos jours encore, il n’est pas rare d’y voir un petit bouquet, une poignée de fleurs des champs accrochée à la porte. »